Pourquoi ne rien faire est bon pour nous, apologie de l’inactivité en conscience

« Tout est utile, même ne rien faire. »

Marie-Claire Blais

« Qu’il est doux de ne rien faire quand tout s’agite autour de vous! » Cette formule qui invite à mettre de temps en temps un point d’arrêt à la frénésie du mental, nous l’avons tous entendue au moins une fois. Elle n’est pas nouvelle puisqu’elle servait déjà de titre à une émission estivale sur les ondes de France Inter au début des années 1970. Les vacances étaient alors perçues comme la période de l’année la plus favorable pour oser faire publiquement l’éloge de la détente dans une société où l’oisiveté nous est présentée, depuis la nuit des temps, comme la « mère de tous les vices ». Mais en réalité, avez-vous déjà expérimenté ce qu’est véritablement « ne rien faire »? Cette question, je ne manque jamais de la poser à quelqu’un à qui je vais prodiguer un massage Amma assis, pour peu que je sois seule avec la personne et que l’atmosphère du moment me semble se prêter à une certaine jovialité. Pour introduire ces quelques instants de bien-être, et a fortiori lorsque je les propose dans un lieu où habituellement les gens travaillent et s’autorisent rarement au laisser-aller, j’ajoute généralement: « Êtes-vous disposé à jouer le jeu de vraiment ne rien faire, c’est-à-dire de faire complètement la poupée de chiffon qui ne fait rien? » Et de conclure en déclarant: « Sûr qu’on n’a pas dû vous la faire souvent, celle-là ! » En la circonstance, ne rien faire, cela signifie seulement lâcher prise, ne pas vouloir aider ou accompagner le mouvement du praticien, se relaxer totalement et, au sens propre du mot, se laisser faire. Cela n’empêche pas qu’à un moment donné du massage, je demande à la personne de placer ses mains derrière sa nuque. Ainsi, comme le montre l’article qui va suivre, il est très exceptionnel que nous prenions délibérément au cours de notre journée du temps pour ne rien faire, c’est-à-dire ne rien faire du tout. Et pourtant, comme nous allons le voir grâce à Passeport Santé, autant les vertus du travail pour l’épanouissement de la personne humaine ne sont plus à démontrer, autant s’accorder régulièrement des phases d’inactivité éveillée et consciente, qui n’ont bien entendu rien à voir avec la paresse, peut se révéler bénéfique à tous points de vue pour le corps et pour l’esprit. De quoi redonner sens et légitimité aux mots joyeusement chantés par Henri Salvador: « Le travail c’est la santé, rien faire c’est la conserver ! »

« Ne rien faire ne signifie pas s’amollir, écouter pousser l’herbe, vivre une vie de plante verte. Ne rien faire a pour signification véritable de cesser de s’immiscer dans le processus naturel qui fait que l’univers est vivant en nous. »

(Pierre Taïgu Turlur)

Et toi, cher lecteur, es-tu prêt à mettre en pratique l’art de ne rien faire chez toi ou chez l’un de tes amis ? Organise donc pour l’occasion de ton choix, un événementiel privé avec massage Amma assis au programme !

Ne faites rien, contentez-vous d’apprécier cet instant, tout en beauté et profondeur.

(Ajahn Brahm)

Pourquoi ne rien faire nous fait du bien ?

Dans un monde où tout va trop vite et où la performance est le mot d’ordre, savoir ne rien faire est une qualité précieuse.

Parce que ne rien faire, ce n’est pas vraiment ne rien faire !

Regarder des séries, se balader dans le calme, contempler la nature… Ce qu’on entend souvent par « ne rien faire », c’est ne rien faire d’utile. Mais, ne rien faire du tout, c’est différent, et le faire pendant quelques instants permet d’être simplement avec soi-même, de ressentir, de se calmer, de s’apercevoir qu’il y a peut-être un besoin qui n’est pas satisfait, un problème non résolu…

Car lorsqu’on ne fait rien, le cerveau, lui, ne fait pas rien ! Au contraire, il stocke, il assimile, il fait des hypothèses, des liens entre les informations.

Ce n’est pas un hasard si la plupart des grandes idées arrivent lorsqu’on ne travaille pas…

En 2020, les fêtes pascales ont eu lieu dans le contexte de la crise sanitaire du Coronavirus et des mesures de confinement prises par les autorités de nombreux pays, dont la France, pour tenter d’endiguer la propagation de la maladie. Au cours de cette période, les enseignants en développement personnel ont repensé leurs méthodes de transmission de leur savoir-faire et ont proposé des ateliers pratiques par visio-conférence. Claire Laronde a ainsi organisé, au cours de cette semaine particulière, plusieurs ateliers de Danse du Sensible en introduction desquels elle a tenu à insister sur la dimension symbolique de ces jours spéciaux où, sans qu’il soit besoin pour cela de se placer d’un point de vue religieux, le jeudi apparaît comme étant lié à l’accueil, le vendredi à la confrontation de l’être avec ses émotions (acceptation de ce qui est, pleine présence impliquant la notion de « rester avec », et le dimanche, l’accès à une nouvelle vie, celle qui découle de son propre renouvellement. Entre ces deux dernières étapes se situe le samedi qui, dans ce cadre spécifique, est par essence le jour du « non faire ». Ce moment du « rien » apparaît alors comme celui où l’on s’abandonne pour laisser se faire le passage, où il n’y a plus qu’à respirer et observer le processus. Claire ajoute:

La pratique de cette danse intérieure est vraiment dans un apprentissage à ne pas faire et à passer au-delà de la volonté habituelle pour laisser faire quelque chose qui viendrait de plus loin en soi-même.

Ce « ne rien faire » qui donne à une action plus profonde ou renouvelée l’occasion d’émerger, elle choisit de l’illustrer par cet extrait de la Bhagavad Gita:

« Qui voit dans l’agir le non agir et dans le non agir l’action, celui-là entre tous les êtres possède la vigilance de l’esprit, est unifié en yoga et s’acquitte de toutes ses tâches, abandonnant tout attachement au fruit de l’action, éternellement satisfait, ne cherchant pas l’appui extérieur, il a beau s’engager dans l’action, il ne fait absolument rien. »

Parce qu’on ne le fait jamais

On a oublié ce que voulait dire « ne rien faire ». Dès qu’on a un moment de « vide », on met le nez dans notre smartphone, on va sur internet, on prend un magazine. On écoute de la musique en marchant, on regarde la télé pour s’endormir… Tous nos instants sont occupés par quelque chose, comme si ne pas avoir quelque chose à faire nous effrayait. Nos esprits sont occupés en permanence et on ne prend pas le temps de se poser ! Pourtant, ces moments rares sont précieux, il faut en profiter.

Parce que c’est bon pour la santé

Une étude a montré que les personnes qui travaillent plus de 55 h par semaine voient leur risque de faire une crise cardiaque augmenter de 33 % par rapport à ceux qui travaillent entre 35 et 40 h. Une autre étude réalisée sur 50 ans et publiée dans l’American Journal of
Epidemiology a montré que travailler 10 h par jour augmente le risque de maladies coronariennes de 80% ! Ce qui montre bien qu’être toujours occupé à quelque chose détériore notre santé.

Parce que ne rien faire, c’est améliorer ses performances

Une étude lettone menée par l’entreprise Draugiem group (dans le but de tester une nouvelle application) a montré que les 10 % d’employés les plus productifs sont ceux qui travaillent en moyenne 52 minutes d’affilée (sans se laisser distraire) avant de faire une pause de 17 minutes. D’autre part, K. Anders Ericsson, professeur de psychologie à l’université de Floride, a montré, dans une étude menée à Berlin, que les musiciens les plus brillants ne pratiquaient en moyenne que 90 minutes par jour et faisaient plus de siestes que les autres. En fait, ne rien faire, faire des pauses, est nécessaire pour recharger les
batteries, nous aider à faire face à un problème, trouver des solutions et être plus créatifs !

Autant de bonnes raisons pour vous autoriser, sans honte, à… bayer aux corneilles, coincer la bulle ou comme il vous plaira d’appeler cette absence d’activité qui est à elle seule une occupation très absorbante… Et pour aller plus loin, découvrez encore le niksen, cet art de paresser en conscience qui nous vient directement des Pays-Bas !